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 Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika

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Andrew Boleyn

Andrew Boleyn


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MessageSujet: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyVen 4 Mai - 0:17

Rien n’est plus terrible que d’être saisi d’un ennui dédaigneux lorsque l’on se trouve en la plus charmante de toutes les compagnies. Charlotte était l’une de ses petites camarades préférées du moment. Il y avait quelque chose en elle qui pétillait constamment. Une joie intarissable et une gaieté époustouflante. Son exubérante jeunesse et sa vivacité puérile étaient doucement contagieuses. Elle irradiait. Follement délicate et bruyamment spirituelle, elle éveillait en lui des émotions qui demeuraient d’ordinaire tapies dans l’ombre de son âme. Si elle était capricieuse, c’était toujours avec tendresse. En tant que jeune tyran, elle savait donner à ses ordres des airs de supplication, et c’était peut-être ce qu’il aimait le plus chez elle. Pourtant, ce soir, rien n’y faisait. Elle papillonnait gentiment autour de lui, piaillait comme à son habitude des mots aux sonorités amusantes. Mais son babillage, qui en général l’enchantait, le laissait de marbre. Au bout d’un moment, elle fit la moue. « Vous êtes rabat-joie, aujourd’hui », lança-t-elle avec une franchise aiguisée par le dépit. Il ne répond rien, et finit le contenu légèrement alcoolisé de son verre. « A quoi pensez-vous ? ». Il desserra un instant les dents pour grincer le mot « rien ». « Menteur ! », répliqua-t-elle du même ton qu’elle aurait dit échec et mat. « Je suis sûre que vous pensez à votre femme… Alice… Je vous ai dit que je n’ai pas envie que vous pensiez à elle, et… ». Mais la pauvre enfant se stoppa net dans son discours car Andrew venait de se lever d’un bond. Elle demeura assise, une lueur de provocation au fond des yeux. Mais il ne jouait pas. Il se pencha vers elle, quelque chose de dément lui crispant le visage, durcissant ses traits. « Ne me parlez pas d’elle, ne prononcez pas son nom devant moi, est-ce clair ? ». Elle opina du chef. Elle ne l’avait encore jamais vu en colère. En réalité, elle n’avait rien vu du tout. Lorsque le Comte de Sackville se mettait en colère, cela faisait des ravages. Mais il avait de l’affection pour Charlotte, et il n’était point furieux contre elle. Juste blessé. Subitement, il se redressa, jetant un regard circulaire autour d’eux. Son visage reprit son expression habituelle. Un mélange d’espièglerie et d’irrévérence au fond des yeux. Il sourit à Charlotte comme si de rien était. « Je suis d’une compagnie effroyable ce soir, ma douce. Retrouvez-moi demain à Whitehall, au terrain de tir à l’arc. Je me sens d’humeur à décocher quelques flèches. Invitez quelques amies si cela vous chante. Nous pourrons nous promener à notre guise par la suite et profiter des jardins royaux, qu’en dites-vous ? ». Sans attendre la réponse qu’il connaissait déjà, il s’en alla à grandes enjambées de sa démarche souple, et quitta la pièce après avoir exécuté une révérence sur le seuil de la porte.

C’est entouré de trois jeunes femmes aux couleurs de dragées qu’il arriva sur le terrain de tir à l’arc. Quelques cibles étaient déjà prises par d’autres messieurs, mais ceux-ci n’avaient pas d’aussi jolies spectatrices que lui. Il choisit une cible à l’écart. Ses amies riaient comme des mésanges. Il ne comprenaient pas l’objet de leur hilarité, ou, plus précisément, il n’avait pas écouté le début de leur conversation. Toutes les discussions commençant par : « Avez-vous entendu dire que la sœur de la cousine de la tante de la Marquise de *** … ? », avaient tendance à l’ennuyer. Fort heureusement, les voici arrivés à destination. « Je veux essayer ! », siffla Charlotte en voletant autour de lui alors qu’il n’avait pas même sorti sa première flèche. Il regarda son infatigable amie, et ses beaux yeux lui picorèrent le cœur avant même qu’il ne puisse songer à la gronder de son impatience. Sa bonne humeur eu raison de lui et il partit d’un rire franc et enthousiaste.
« Avez-vous seulement déjà tiré à l’arc, demoiselle ? » s’enquit Andrew en souriant.
« Ja-mais ! », chantonna Charlotte avec la meilleure foi du monde.
« Fort bien ! Comme cela, je n’ai aucun soucis à me faire pour notre survie à tous les quatre, enchaîna-t-il en armant la jeune femme. Voilà, tenez l’arc fermement, et la flèche… non, ne crispez pas vos doigts comme cela sur la flèche ! Il est nécessaire d’être délicate. Parfait ! Et… Oh, la voilà qui ferme les yeux ! »
« Ne faut-il point fermer un œil ? », demanda-t-elle, interloquée.
« Si votre but est de manquer votre cible, alors, il est tout à fait obligatoire de fermer un œil, et même les deux, ma très chère. Levez un pied, aussi, ce sera plus efficace. »
« Vous n’êtes pas drôle quand vous vous montrez ironique ! », gronda-t-elle en gloussant.

La demoiselle s’apprêta à tirer. Mais avant, elle ferma un œil, intimement persuadée que cela valait mieux. La flèche manqua sa cible d’un bon mètre. Les trois jeunes femmes éclatèrent de rire, et parurent aussi joyeuses que si Charlotte s’était révélée être une tireuse émérite. Andrew lui proposa de réessayer, mais son amie déclara qu’elle était fatiguée et qu’elle préférait le regarder s’entraîner. Andrew n’aurait pas été un tireur exceptionnel s’il n’avait pas eu autant de chance. Or, même si sa position n’était pas parfaite, il manquait rarement la cible, ce qui n’eut de cesse d’émerveiller ses trois camarades. Chacun de ses tirs étaient ponctués de « oh ! » ou de « ah ! ». Le vent était avec lui, voilà tout. Il se garda bien d’en faire part à ses amies, satisfait qu’elles le prennent pour quelqu’un de profondément doué dans tout ce qu’il entreprenait.
« Tenez, Charlotte, celle-ci sera pour vous… Savez-vous quelle est sa particularité ? »
Charlotte prit entre ses doigts effilés la flèche qu’Andrew lui tendait. Son regard clair fut instinctivement attiré par la pointe de ladite flèche, qui brillait curieusement.
« Elle est dorée ! »
« Tout à fait, ma chère ! C’est un cadeau que l’on m’a fait il y a assez longtemps, et je garde cette flèche précieusement, car j’aime à me souvenir de son histoire. »
« Et quelle est son histoire ? »
« Qu’importe ! Vous ne me croirez pas, si je vous la raconte… »
Les trois jeunes femmes, curieuses, s’approchèrent plus près.
« Nous vous croirons, c’est certain ! »
Andrew fit mine d’hésiter, et regarda les demoiselles une à une au fond des yeux, pour voir si elles disaient vrai. Remarquant leur airs avides et leurs sourires insistants, il décida de ne pas les faire attendre plus longuement avant de leur livrer l’histoire de cette flèche à pointe dorée.
« Eh bien, commença-t-il en baisant la voix pour prendre un ton de confidence, l’ami qui me l’a offerte m’a raconté un très belle histoire à son sujet. C’est le dieu Cupidon qui l’aurait fabriquée. Vous savez que ce dieu possédait des flèches à pointe de fer, et des flèches à pointes d’or. S’il vous tirait une flèche à pointe de fer dans le cœur, Charlotte, vous vous mettriez à haïr profondément et pour toujours la première personne que vous auriez sous les yeux. Mais s’il vous touchait d’une flèche à pointe d’or, vous tomberiez passionnément et irrévocablement amoureuse de cette personne… Or, le dieu a un jour accidentellement fait tomber son carquois, et les flèches se sont répandues et sont tombées parmi les hommes. Et cette flèche en fait partie… Mais je vois bien à vos mines que vous ne me croyez pas, et que vous êtes toutes prêtes à me traiter de menteur… »
« Ce n’est qu’une fable ! », déclara Charlotte en fronçant le nez.
« Je savais bien que vous n’étiez pas assez ouverte d’esprit pour me croire. », répliqua Andrew en prenant l’air vexé.
« Avouez donc que ce ne sont que des histoires pour aider les enfants à s’endormir ! »
Andrew fit la moue. Du coin de l’œil, il vit passer quelqu’un, qui longeait le terrain de tir à l’arc. Posant un regard sur cet objet en mouvement, il reconnut Erika de Malmö, Comtesse. Il ne lui avait jamais réellement parlé, mais il est de notoriété publique que le Comte de Sackville connaît tous les habitants (et surtout les habitantes) de la Cour d’Henry VIII. Au moins de nom et de réputation. Et cette dame ne lui plaisait pas outre mesure. Elle traversait les salons avec indifférence et hauteur, ravageant les esprits sans avoir pour cela à dire quoique ce soit. Quelque chose d’effrayant émanait de la noblesse et du dédain qu’elle montrait pour tout et en toute circonstance. Comme si rien ne la touchait jamais, cette belle dame de marbre effarouchée.
« Non, répondit-il à Charlotte parce que je veux croire en ce qui est beau, et parce que je veux croire que ce qui est beau est vrai ! Demandons plutôt l’avis d’une dame de bon sens ! Car vous, mesdemoiselles, vous ne savez plus rêver, semble-t-il… Madame la Comtesse ! lança-t-il pour interpeler Erika de Malmö, Pouvons-nous connaître votre sentiment sur le mythe de Cupidon ? Croyez-vous, comme mes amies ici présentes, qu’il ne s’agisse que d’une histoire fabuleuse à laquelle il ne faut guère ajouter foi ? »

Il avait rattrapé la Comtesse en quelques enjambées, et attendu qu’elle se tourne vers lui pour s’arrêter de marcher. Peut-être voulait-il, en lui parlant, se prouver à lui-même qu’il n’y avait rien de si terrible en elle. Rien qui lui vaille cette réputation de femme intouchable. Il exécuta devant elle une révérence très élégante mais sans ornement pompeux. A présent, il la regardait en lui souriant poliment, mais au fond de ses yeux quelque chose d’interrogateur scintillait. Il voulait être détrompé sur ses préjugés au sujet de la Comtesse. « Etonnez-moi », semblait-il lui demander.


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Erika de Malmö

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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyMar 8 Mai - 20:24

L'après-midi avant terriblement doucement. Les paroles de ses interlocuteurs avaient sur elle un effet soporifique et résonnaient dans sa tête de façon très lointaine. Erika se tenait debout, adossé contre le mur juste à côté d'une large fenêtre laissant entrer l'agréable lumière du soleil. Ses yeux étaient fixés sur les lèvres rouges de la jeune femme située en face d'elle, duquel sortait un son continu dont le sens lui échappait totalement. Si la discussion n'était au départ pas dénuée d'intérêt car elle avait pour sujet la politique européenne du roi, par un mystérieux coup de baguette, elle avait dérivé sur robes, bijoux et bals à venir.
Alors qu'en temps normal Erika se serait contentée de partir sans demander son reste et sans se justifier, elle était aujourd'hui resté dans cette pièce du château, n'ayant pour l'instant pas le courage de jouer du coude pour atteindre l'imposante porte qui la mènerait vers la quiétude de l'extérieur.
Lorsque son regard se détacha enfin de la bouche de mademoiselle de Berglay, il fit un tour rapide de l'assemblée réunit ici. Mais pourquoi diable être si nombreux enfermés ici alors que les jardins baignés d'une douce lumière leur tendaient les bras ? Quoiqu'eux aussi devaient être bien remplis en cette journée de printemps... Elle se tourna alors légèrement afin d'avoir une vue plongeante sur le parc du palais. Quelques groupes de promeneurs s'y promenaient mais ils n'étaient pas si nombreux que l'on aurait pu l'imaginer bien que la suédoise préférerait toujours une allée vide où seul le souffle du vent viendrait lui tenir compagnie. Cette perspective de pouvoir errer dans un endroit désert sans autre bruit que celui de la nature se dessina alors dans son imagination. Mais cette image poétique et enivrante fut bien vite balayée par l'intervention d'une des jeunes femmes qui appartenait au groupe duquel elle faisait plus au moins parti aujourd'hui, sans le vouloir bien entendu. Passant sa main devant ses yeux qui fixaient le vide depuis quelques minutes déjà, elle l’interpella d'une voix atrocement aiguë.

- Et bien madame, votre compagnie n'est aujourd'hui pas beaucoup plus agréable qu'à l'habitude... A quoi pensez-vous donc ma chère ? Si l'on ne vous savez pas aussi peu encline au plaisir, j'aurais bien dit un homme mais cela ne me parait que peu probable, continua-t-elle à l'intention de ses idiotes d'amies qui se mirent à rire avec elle en cœur, la main devant leur bouche en cœur sous le regard noir d'Erika qui n'avait que peu apprécié la plaisanterie bien qu'elle ne manque pas de fondement.
- Sachez mesdames qu'aux plaisirs du corps je préfère, contrairement à vous, ceux de l'esprit. Elle se redressa d'un coup et accompagné d'un haussement de sourcils qui soulignait le mépris qu'elle avait à leur égard, elle leur souhaita une agréable journée et prit le chemin de la sortie, ce qu'elle aurait dû faire depuis bien longtemps. Au passage, elle poussa sans grande délicatesse et ne prenant pas la peine de s'excuser quelques personnes qui lui barraient sans le vouloir la route. Elle hâta le pas et descendit à vive allure les escaliers qui la menèrent tout droit vers les jardins. Lorsqu'elle fut enfin dehors, elle poussa un long soupir de soulagement et s’arrêta un instant pour tourner son visage vers le soleil tiède. Puis, elle souleva quelque peu sa lourde robe et se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait sans savoir ou alors, sans même vraiment savoir pourquoi. Elle cherchait seulement à fuir cette cour oppressante qui même si elle refusait de se l'avouer et de le montrer, l'angoissait parfois au moins autant qu'elle l'exaspérait. Le souffle haletant, elle traversa bon nombre de bosquets et d'allées fleuries dans lesquelles elle croisa quelques promeneurs qui la dévisagèrent sans qu'elle n'y prête attention. Et lorsqu'elle jugea être assez loin, là où il n'y avait personne elle s'arrêta et se laissa tomber contre un imposant arbre. Son cœur battait fort dans sa poitrine, sa respiration était entrecoupée et soudainement, elle eut l'impression d'être complètement perdue. D'un coup, elle avait senti le besoin de respirer à plein poumons mais aurait été incapable d'expliquer pourquoi ... Peut-être avait-elle juste besoin de se retrouver avec elle même un instant, loin de ce chahut qui lui faisait tourner la tête...
Erika ferma les yeux un instant afin de reprendre ses esprits. Jamais, ô grand Dieu jamais, cela ne devrait se reproduire. Ce manque de sang froid dont elle avait fait preuve l'espace d'un instant était une preuve de faiblesse qu'elle refusait de se permettre. Trop longtemps elle s'était morfondu sur son temps, trop longtemps elle avait lutté contre ses émotions qu'elle avait enfouie au plus profond d'elle, trop longtemps elle avait fait des efforts pour garder une attitude digne en toute occasion pour que maintenant qu'elle se laisse aller.
Pendant de longues minutes elle resta là, assise par terre à l'ombre de ce vieux chêne. La tête contre ses genoux repliés, elle tentait de ne penser à rien si ce n'est à reprendre complètement son calme. Et quand elle se sentit apaisée, elle décida de se relever et de faire une marcher tranquillement quelque temps encore avant de rentrer chez elle. Ne sachant au final pas trop où elle se trouvait, elle flâna un moment avant de tomber enfin dur le terrain de tir à l'arc, ce qui lui permit de se situer à présent parfaitement bien. Elle longea l'endroit sans prêter attention aux quelques tireurs accompagnés souvent de jolies demoiselles mais sans qu'elle ne l'ait vu venir, Andrew Boleyn se retrouva à ses côtés en un clin d’œil. Non, elle ne le connaissait pas personnellement mais l'avait vaguement croisé à quelques reprises sans jamais lui adresser la parole. Et puis, tout le monde à la cour savait qui était le comte. Lorsqu'il s'approcha d'elle, elle eut d'abord quelques secondes de flottement, se demandant ce qu'il pouvait bien lui vouloir soudain. Elle n'avait pourtant pas le souvenir de lui avoir un jour fait comprendre qu'elle aimerait à partager une conversation avec lui, et surtout pas avec les trois jeunes femmes qui visiblement l'accompagnaient.

- Madame la Comtesse ! Pouvons-nous connaître votre sentiment sur le mythe de Cupidon ? Croyez-vous, comme mes amies ici présentes, qu’il ne s’agisse que d’une histoire fabuleuse à laquelle il ne faut guère ajouter foi ?
Erika se tourna alors vers Andrew et le dévisagea quelques secondes d'un air quelque peu incrédule. Perdue dans ses pensées, elle eut un peu de mal à comprendre le sens de ses mots mais finit par saisir qu'il lui parlait de la poétique histoire de Cupidon, quigrâce à ses flèches pouvait choisir le destin amoureux des humains.
Le saluant d'abord d'un léger geste de la tête pour répondre à sa révérence, elle prit finalement la parole avec calme, écoutant cette petite voix intérieure qui lui disait que la politesse n'avait jamais fait de mal à personne et qu'à rien ne servait de répondre méchamment lorsqu'on ne se sentait pas agressée. Cela tombait peut être sous le sens mais la jeune femme avait une tendance soit aux réactions excessives, soit à une impassibilité totale.

- Il existe beaucoup de mythes et de légendes qui content l'amour, monsieur. J'aimerai à croire qu'ils sont réels mais ma raison me dit qu'ils ne sont que chimères.
Un léger rictus quelque peu mélancolique était visible au coin de ses lèvres. Ses parents lui racontaient que l'amour était comme une fleur fragile qu'il fallait entretenir chaque jour pour que jusqu'après notre mort elle demeure en vie.
- Mais héla, tout sentiment aussi agréable soit-il possède une face cachée qui peut blesser celui qui croyait être heureux.

Car il fallait être lucide. Le plaisir n'était qu'éphémère et la triste réalité nous rappelait souvent bien vite. Erika s’apprêtait à présent à reprendre sa route, pensant que ces quelques mots échangés suffiraient à satisfaire le comte qui, en si charmante compagnie devait avoir mieux à faire qu'écouter son point de vue qui parfois pouvait être quelque peu déprimant.
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Andrew Boleyn

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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyMar 8 Mai - 23:16

Avant qu’Andrew ne s’élance à la poursuite de la Comtesse, Charlotte le retint par la manche. Tournant de nouveau la tête du côté de la demoiselle, il constata qu’une petite moue vaguement inquiète s’était dessinée sur le visage poupin de sa douce amie.
« N’y allez pas, chuchota-t-elle, cette femme me fait peur. Elle est toujours si triste ! L’abattement, c’est communicatif, voyez-vous. »
Andrew la gratifia d’un petit sourire qui semblait vouloir dire : « Tu es si mignonne ». Mais la demoiselle ne se laissa pas attendrir. Elle lâcha le bras du jeune homme et posa sur lui un regard sévère.
« Si vous tenez à vérifier par vous-même, monsieur, grand bien vous fasse, mais permettez-moi de ne point vous suivre. Nous nous retrouverons au jardin, n’est-ce pas ? »
Le jeune homme acquiesça, déposa un baiser sur sa petite main blanche, puis partit à la rencontre de la dame qui semblait si terrifiante aux yeux de Charlotte. Il demeurait néanmoins un peu perplexe vis-à-vis de ce que sa jeune amie venait de lui confier. Charlotte aimait absolument tout le monde. Il fallait être quelqu’un d’extrêmement antipathique pour en venir à lui déplaire. Andrew en vint à songer qu’il aimerait demander à Alice son sentiment au sujet de madame de Malmö. Alice voyait toujours avec trop de bonté mais elle voyait juste cependant. Le regard de Charlotte sur autrui était biaisé. Elle ne lisait pas le cœur des gens aussi bien que la Comtesse de Sackville, avec son extrême délicatesse et sa tendre façon d’être, savait le faire. On se confiait naturellement à Alice, parce qu’elle était une créature dénuée d’intentions malveillantes ou perverties. Elle était une incarnation parfaite de la justice et de la douceur. Charlotte se laissait guider par ses envies du moment et ses curiosités passagères. Elle en devenait capricieuse et effrontée. C’est la raison pour laquelle Andrew ne lui faisait pas entièrement confiance lorsqu’il s’agissait de juger du tempérament de quelqu’un. Elle pourrait devenir amie avec la plus sotte et la plus perfide de toutes les créatures, si celle-ci était en mesure de lui apporter un peu de plaisir et de distraction l’espace de quelques instants. Ainsi, il se dit que, si Charlotte n’appréciait pas Erika de Malmö, c’était nécessairement parce que cette dame refusait absolument ce qui s’apparentait de près ou de loin au plaisir et au confort. Charlotte avait bien des défauts mais, au moins, elle savait ce dont elle avait besoin pour être heureuse, et elle se donnait les moyens d’obtenir tout ce qu’elle désirait. Cette dame à la chevelure de feu, quant à elle, devait au contraire ne jamais s’écouter et même s’empêcher formellement de penser à ses envies. Si toutefois elle était encore capable d’en avoir. Toutes ces réflexions ne durèrent en temps réel pas plus de trente secondes, et la Comtesse n’avait pas encore ouvert la bouche pour lui répondre qu’Andrew avait déjà commencé à la percer à jour. Du moins c’est ce qu’il pensait. Mais ce préjugé se confirma un peu lorsqu’il entendit sa réponse. Triste à mourir. La dame devait se croire très fine et bien maligne. Elle pensait sans doute qu’en perdant toute belle illusion sur l’amour, elle ne se laisserait point prendre au piège. Mais supprimez ces jolies illusions et vous les remplacerez par des idées très vilaines, qui sont elles aussi, et sans que vous ne vous en rendiez compte, de déplaisantes illusions.
« Madame, répondit-il d’un ton grave mais sans se départir de son joli sourire, si vous écoutez votre raison plutôt que vos sentiments, c’est que vous êtes la moins raisonnable de toutes les femmes ! »

Elle venait de faire volte face, mais il espérait bien la retenir encore quelques minutes au moins. Il fit quelques grandes enjambées pour se placer devant la dame. Il lui fit face, les mains croisées dans le dos, lui barrant gentiment la route (je dis gentiment car il avait au fond des yeux une lueur de taquinerie qui ne pouvait pas laisser supposer que ses intentions furent mauvaises). Il secoua la tête d’un air dépité.
« A dire vrai, il est extrêmement triste d’entendre une dame telle que vous tenir des propos aussi convenus et rabâchés par tous les poètes blessés du pays ! Allons ! N’avons-nous pas entendu assez de gens se plaindre de la cruauté du dieu Amour ? Que de complaintes des amants malheureux qui se sont bercés d’illusions ! Voyons, n’avez-vous pas quelque chose de plus original à me dire ? Ils disent tous qu’aimer c’est souffrir, et je cherche désespérément quelqu’un de suffisamment raisonnable pour convenir avec moi du fait que ce sont tous des imbéciles ! »
Après quoi il s’effaça pour la laisser passer, mais il lui emboîta à nouveau le pas. Il marcha silencieusement auprès d’elle pendant quelques instants. Il marcha à reculons sur trois ou quatre mètres, pour pouvoir faire signe de loin à Charlotte et ses amies. La demoiselle lui fit un signe de la main, puis lui envoya un baiser. Il entendit le rire des trois jeunes femmes, lorsqu’il fit semblant d’attraper le baiser invisible et de se le coller sur la joue. Puis il se retourna de nouveau pour marcher dans le bon sens. Un sourire amusé était resté accroché à ses lèvres. Il pencha la tête pour observer le visage d’Erika. Comment de si beaux yeux pouvaient-ils briller d’un aussi sombre éclat ? Que lui avait-on fait pour qu’elle soit tellement indifférente et hautaine désormais ? Car Andrew ne pouvait tout simplement pas concevoir qu’un être humain en bonne santé soit malheureux. Il fallait être aveugle et sourd pour ne pas se rendre compte que la vie est merveilleuse ! Que nous avons absolument tout à portée de main et qu’il ne tient qu’à nous de saisir à pleines poignées les fragments de bonheur qui nous entourent. Oh là ! Bien sûr qu’il savait que les êtres humains se rendent malheureux presque volontairement. Car c’est en fait bien simple d’être triste. Lui-même ne se comprenait pas, par moments. Lorsqu’il avait tout pour être heureux et qu’il fuyait tout bonnement l’objet et la source de son bonheur pour courir on ne sait où. Et qu’il la laissait toute seule et morte d’inquiétude à son égard. Non, il ne se voilait pas la face. Oui, il savait qu’il était idiot. Mais au moins, il voulait être un idiot libre. Erika était probablement plus intelligente que lui, mais il la soupçonnait de s’enfermer elle-même à double tour. Comment le savait-il ? me demanderez-vous. Mais voyons, vous répondrais-je, la Comtesse ne vous semble-t-elle pas être trop sage, trop digne, trop indifférente ? Andrew voulait essayer de regarder sous ce masque de porcelaine figée. Peut-être y trouverait-il une femme, qui sait ?
« Mon intention, madame, en venant vous voir, n’était point de troubler votre promenade solitaire, mais plutôt de comprendre pourquoi, justement, vous vous promenez en solitaire. Et pour quelle raison incroyable prenez-vous l’air d’apprécier votre isolement ? Car une femme qui aime réellement la solitude ne serait-elle pas plus heureuse en vivant dans un beau château au milieu d’une clairière, plutôt qu’en plein cœur de Londres, tellement surpeuplé et tellement bruyant ? J’en conclus donc que vous faites semblant d’aimer être seule, et que, par conséquent, vous devez être entrain de me remercier intérieurement d’être venu vous accabler de questions de la sorte. »
Evidemment, la dernière phrase qu’il venait de prononcer était une sorte de plaisanterie. Il voyait mal la Comtesse répondre : « Vous avez parfaitement raison, j’étais entrain de songer que vous êtes le sauveur de l’humanité ». Encore que si elle prononçait une telle phrase d’un ton légèrement ironique, cela pourrait le faire beaucoup rire, et il y verrait une marque de spiritualité. Néanmoins, même par plaisanterie, la Comtesse devait être bien trop orgueilleuse pour dire de telles choses. Et puis d’ailleurs, il doutait que madame de Malmö soit femme à plaisanter. Elle avait l’air tellement grave et empesé. Quoiqu’il en soit, le jeune homme continua de marcher à côté d’elle, accordant son pas au sien de façon fort galante et sans même s’en rendre compte. Il ne craignait guère que la Comtesse l’envoie paître. Elle en serait sans doute fort capable, mais cela ne ferait qu’accroître l’envie du jeune homme de mieux la connaître, et ce n’était donc pas le meilleur moyen qu’elle pouvait trouver, si jamais son but était véritablement de se débarrasser du Comte de Sackville.
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Erika de Malmö

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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyJeu 17 Mai - 16:53

Il semblait que les trois compagnes du comte n'avaient que peu envie d'adresser la parole à Erika et préférèrent rester en retrait avant de s'en aller papoter ailleurs. Pendant un instant elle crut qu'Andrew allait suivre ces charmantes créatures qui devaient être terriblement plus amusantes qu'elle et avec qui l'ennui ne devait pas être de mise. Enfin, elle supposa que c'était là le point de vue du jeune homme car en ce qui la concernait, elle se serait bien gardé de partager un moment avec ces femmes que tout semblait opposer à elle. Elles respiraient la bonne humeur et leurs sourires étaient radieux laissant penser que tout en cette journée de printemps les satisfaisait pleinement. Le soleil était revenu après sa longue période caché derrière les nuages, les oiseaux rentraient de leurs périples exotiques, le froid s'en allait peu à peu laissant place à un fond de l'air très agréable. Tout épicurien aurait été comblé mais l'esprit très stoïcien de la jeune femme l'empêcher de profiter de l'instant. En fait, ce n'était pas tant qu'elle ne voulait pas, mais plutôt qu'elle ne pouvait pas, ou plus. Elle n'arrivait tout bonnement à voir le bon côté des choses et avait fini par se complaire dans cet éternel état de tristesse qui ne la quitter plus. Aujourd'hui elle s'en satisfaisant, ayant tout simplement oublié le goût du bonheur bien que très profondément, une part d'elle enviait toutes ces jeunes femmes rieuses et pleines de vie.
Alors qu'il marchait à ses côtés, Andrew s'arrêta soudainement devant Erika pour répondre à sa vision pessimiste de l'amour sous le regard sans expression de la comtesse qui attendit qu'il se décale pour pouvoir continuer sa route. Elle ne répondit d'abord pas, se disant qu'il se découragerait d'avoir affaire à une femme aussi ennuyeuse qu'elle et s'en irait rejoindre ses compagnes, ce qu'elle crut qu'il fit alors qu'il ne se retourna que pour leur envoyer un signe d'affection.
Ils avancèrent encore un temps sans que ni l'un ni l'autre n'ouvrent la bouche ce qui donna à Erika la désagréable sensation d'être épiée sans en connaître la raison.

- Mais que voulez-vous à la fin, lui demanda-t-elle finalement en s'arrêtant pour le regarder dans les yeux.

Il se mit alors à lui déclarer un monologue dont le sujet principal était sa supposition selon laquelle Erika n'aimait en réalité pas la solitude mais le prétendait pourtant. Il fallait avouer qu'elle fut un peu prise de court par ce qu'il venait de dire car son raisonnement n'était pas dénué de sens et touchait presque un peu au vrai. Vivre dans un château au milieu de la campagne ? Elle avait expérimenté la chose pendant des années en Angleterre et plus de temps encore en Suède. Mais l'ennui couplé à une raison toute autre l'avaient poussé à se rapprocher de Londres et finalement à en faire son lieu de résidence. Ses yeux d'un vert clair restèrent plongés fixement dans le regard de son interlocuteur pendant quelques longues secondes et un très léger sourire se dessina sur ses lèvres. Cet homme était en réalité plutôt déconcertant pour ne pas dire de compagnie presque agréable. Sa voix était pleine d'entrain sans être pour autant se trouver agaçante. Et puis, du peu qu'Erika pouvait en dire sur sa personne, il semblait heureux. Oh, heureux, beaucoup de personnes le sont sans doute, mais habituellement le bonheur des autres était quelque chose qui horripilait l'étrangère. Aujourd'hui pourtant, cette sensation de partager un moment avec quelqu'un de léger et joyeux ne la dérangeait pas autant qu'à l'accoutumée. Si quand il l'avait abordé, elle n'avait pensé qu'à le fuir pour retrouver sa tranquillité, sa présence ne lui donnait plus envie de partir en courant pour éviter d'avoir à lui adresser la parole.

- Votre raisonnement paraît implacable monsieur et pourtant il comporte quelques petites exactitudes. Mais comme vous semblez avoir du temps à perdre à m'écouter, je vais me permettre de les corriger. Pour avoir longtemps vécu seule au milieu d'un pays qui ferait frémir d'ennui une religieuse, je puis vous dire qu'il y a différentes sortes de solitude. J'apprécie celle qui me permet d'observer les autres sans avoir à me mêler à eux, ce qui deviendrait pour moi vite ingérable. Maintenant, c'est vous qui devriez me remercier pour avoir éclairé votre sens de la déduction qui pourtant semble très développé,
finit-elle avec un léger rictus.

En disant ces mots, elle s'était remise à marcher lentement, le comte de Sackville qui calait son pas sur le sien à ses côtés. Pourquoi avait dit cela, elle ne le savait pas vraiment. Mais tout cela n'était pas faux, au contraire. N'entendre que les bruits de ses propres pas et de sa pensée pendant des mois voir plus était quelque chose qui lui était à présent insupportable. Après avoir eu la sensation d'être enfermée vivante dans un cercueil, elle avait besoin d'expérimenter ce que pouvait être la vie au milieu de ses semblables, aussi difficile que cela puisse être. L'adaptation était difficile et d'ailleurs elle ne s'était encore jamais réellement faite à cette vie au milieu de la cohue continuelle qu'était Londres. Pendant ces derniers mois, elle n'avait fait que l'observer, cette cohue, prenant soin de ne pas trop s'en approcher de peur de s'y noyer. Mais elle la regardait, jour après jour, continuellement sans jamais la comprendre. Sans pouvoir déceler la cause exacte de ces sourires, de ces rires et de ce bonheur que tant semblait connaître. Alors elle avait fini par se résoudre à ne pas le connaître puisqu'il lui était impossible de l'appréhender. Et puis, être heureux semblait être quelque chose de difficile qui risquait de lui échapper et de la rendre encore plus malheureuse puisqu'elle risquait de ne pas l'atteindre malgré ses efforts.

- Et puis tout ce monde semble si différent de ce que je suis. Comme on dit souvent de moi, la tristesse me va bien même s'il y a longtemps déjà, j'étais la plus joyeuse des jeunes filles,ajouta-t-elle en un léger rire. Un sourire quelque peu nostalgique irradiait à présent son visage d'une lueur étrange. Mais les aléas de la vie sont apparus.... Voyez-vous, reprit-elle en tournant les yeux vers Andrew, j'ai longtemps essayé de comprendre ceux qui m'entouraient mais toujours en vain. Je n'y arrivais pas. Ou plus. Alors comme j'étais incapable de les déchiffrer, j'ai fini par les mépriser et me contente aujourd'hui de les regarder de loin. Cela me semble beaucoup plus facile. Elle marqua une pause et remit derrière son oreille une mèche qui avait glissé de sa coiffure un peu lâche. A présent vous devez penser qu'en plus d'être ennuyeuse à mourir je suis la plus horrible des femmes et vous n'auriez sans doute pas tort...

L'honnêteté... C'était là quelque chose de bien étrange dont on pouvait faire preuve sans savoir pourquoi et sans s'y attendre. C'était le cas d'Erika aujourd'hui. En tout cas, si elle voulait le faire fuir, ce serait sans doute réussi car elle devait maintenant passer pour une jeune femme à moitié folle et complètement handicapée des sentiments. Elle regrettait à présent un peu ses paroles et son manque cruel de retenue mais on ne pouvait revenir sur ce qui était dit. Au fil du temps elle s'était forgé une carapace qui depuis le début de la journée n'avait de cesse de se fissurer. Elle se sentait terriblement vulnérable et l'envie de partir se cacher au fond de son lit montait en elle. Surtout qu'elle parlait à un homme dont finalement, elle ne savait rien sinon ce que les rumeurs disaient de lui. Qu'il était absolument charmant, surtout avec les femmes desquelles il était éperdument amoureux, oubliant ainsi parfois qu'il en avait une. A première vue, Erika aurait soigneusement évité d'engager la conversation avec lui, ce que d'ailleurs elle avait promptement tenté de faire, mais au final il était loin d'être aussi mauvais que ce que son imagination avait pu le penser.
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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyLun 21 Mai - 20:43

Tiens donc ! songea Andrew en souriant d’un air content face à la réaction d’agacement de la dame. Elle lui demandait assez sèchement ce qu’il voulait, ce qu’il attendait d’elle. Mais, madame, c’est exactement ce genre de réaction que monsieur attendait. Quelque chose qui lui prouverait que vous êtes humaine, et que vous n’êtes pas aussi morne et indifférente qu’on le raconte. Une lueur de taquinerie alluma ses yeux clairs tandis qu’il observait le visage de la comtesse avec l’intérêt de quelqu’un qui attend depuis longtemps de voir se craqueler une chrysalide. Il ne répondit pas à son interrogation quelque peu brusque et tous deux reprirent leur chemin. Son regard papillonnait, se posant sur un parterre de fleur, puis sur un groupe de jeunes femmes rieuses, avant de se tourner de nouveau vers Erika. Il cligna des yeux d’un air éberlué en voyant qu’un petit sourire était accroché au coin des lèvres de la dame. Ce n’était pas un de ces sourires niais et béats qui signifient : « Monsieur le Comte, vous êtes un dieu vivant », mais c’était tout de même un joli sourire. Il se flatta intérieurement d’avoir réussi en si peu de temps à sortir la petite taciturne de sa caverne de haute dignité et de dédain complet pour le monde qui l’entoure.
« Je ne veux rien de plus qu’un autre de ces sourires, madame. Pourquoi faire triste mine alors que vous êtes si belle, lorsque vous souriez ? »

Il la regardait à présent en arborant un air très sincère et comme désespéré à l’idée qu’elle ne veuille jamais plus lui sourire. S’il était heureux, lecteur ? Certainement pas. Malheureux, alors ? Que nenni ! Il vous dirait volontiers que la meilleure des choses à faire pour être heureux est d’arrêter de courir après un bonheur illusoire. Il n’y a pas d’absolu. Il n’y a que des instants successifs. Il a passé suffisamment de temps assis, replié sur lui-même, au milieu d’une chambre noire, à se demander quelle est la source véritable du bonheur. Devait-il la chercher en lui-même ou chez les autres ? La réponse lui était apparue un beau matin de mai : elle n’est ni dans l’un ni dans l’autre. Le bonheur se déclenche spontanément lorsqu’on se donne les moyens de s’étonner de ce qui nous entoure et de s’émerveiller devant tout ce qui est beau. Tant que monsieur était capable de trouver merveille dans les plaisirs simples de la vie, tout allait pour le mieux. Alors, me demanderez-vous, pourquoi se montrer tellement odieux avec Alice ? Mais parce qu’il ne voyait aucune merveille dans le fait d’avoir épousé une femme tellement supérieure à lui que cela en devenait ridicule et insultant. C’était une grande plaisanterie que ce mariage. Alice méritait mieux, et il faut toujours donner à une femme ce qu’elle mérite. Mais bientôt, la comtesse reprit la parole, tirant Andrew de ses songes. Elle lui apprit qu’elle avait déjà fait l’expérience de la solitude la plus complète. Elle habitait jadis un pays qui, selon ses propres insinuations, était tout entier un terrible couvent (l’image fit d’ailleurs rire le jeune homme).
« Comment cela, ingérable ? s’exclama-t-il après avoir écouté le récit de la dame. Et je me demande bien ce que vos observations d’autrui ont pu vous apprendre. A mon avis, cela ne vous a rien appris du tout. On ne peut pas faire l’expérience de la vie en société en faisant seulement semblant d’y vivre. On n’apprend pas à connaître le genre humain sans s’y confronter directement. Il faut ne pas craindre d’y laisser des plumes ! Je veux bien croire que vous avez eu des yeux mais avez-vous une langue, madame ? Allons, n’hésitez plus : vous avez devant vous un spécimen absolument scandaleux qui vit ici depuis longtemps. Si vous ne faites que me regarder, vous ne verrez absolument rien, j’en suis sûr. Alors, dites-moi ce que vous croyez voir, et je vous montrerai à quel point vous tenir à l’écart peut avoir nui à votre propre sens de déduction, madame ! »

Il l’invitait d’un sourire curieux à tenter de le percer à jour. Mais, visiblement, elle ne savait pas ce que sont les hommes. Si elle ne se mêle pas à la foule, si elle n’adresse la parole à personne, elle ne peut qu’échouer, lorsqu’il s’agit de comprendre ou de cerner quelqu’un. Regarder sans mot dire est inutile dans ce domaine. Il faut d’abord donner une petite partie de soi, pour comprendre les autres. Il faut accepter de jeter en pâture à la masse grouillante des courtisans des morceaux de son âme, pour se prétendre ensuite capable de les comprendre. Andrew avait la vague idée qu’elle ne se comprenait pas elle-même, mais cela, il faut avouer que c’est autrement plus compliqué. Les autres sont tellement plus fades que soi-même. Quelque chose de vacillant projetait sur les iris vertes de la dame des lueurs de tristesse. Andrew avait l’habitude de vivre auprès de gens heureux. Ou qui du moins s’en donnaient l’air. Cette noble dame parlait, et plus elle parlait plus elle semblait désespérément nostalgique. Il ne trouvait pas cela joli du tout. Il trouvait cela fascinant. De nouveau, il se mit devant elle, lentement, pour l’empêcher d’avancer. Il croisa les bras et fronça légèrement les sourcils. Il chercha à accrocher son regard, parce qu’il voulait mieux voir. Il pencha la tête et se rapprocha un peu. Qu’est-ce que c’était ? Quelque chose, tout au fond. Derrière ces pupilles d’un noir d’encre qui ressemblaient à deux perles d’onyx. Il y avait quelque chose de plus lumineux, il en était certain. Peut-être même de plus doux. Le vert de ses yeux avait l’air friable comme une feuille d’automne. Il eut la drôle d’envie de le froisser pour voir en-dessous. Mais il se retint de faire le moindre geste qu’elle aurait pu interpréter comme étant déplacé, et poussa un étrange soupire en s’effaçant une nouvelle fois pour la laisser passer.
« Je ne vous trouve pas horrible, répondit-il à la dame d’un ton lointain comme s’il se parlait à lui-même. Je voudrais seulement comprendre ce qui vous rend tellement énigmatique. J’aurais voulu vous connaître du temps où vous aviez moins de soucis. Il est assez difficile de vous imaginer joyeuse, mais si j’y parvenais, je suis certain que cette image me semblerait délicieuse. A quoi ressembliez-vous ? Et qu’est-ce qui vous rendait aussi gaie que vous le dites ? »

Avant de quitter Charlotte et ses amies, Andrew avait ramassé son carquois, qu’il tenait toujours sur son épaule. Il leva une main pour en tirer une flèche au hasard. Amusé en constatant que ledit hasard avait guidé sa main vers sa flèche à pointe d’or qu’il n’avait finalement pas eu le temps de tirer, il repensa à l’histoire de Cupidon. Il aimait les explications magiques, il est vrai. Il aimait tout ce qui avait une charmante façon de sortir de l’ordinaire. La dame qui se tenait à ses côtés avait elle aussi ses charmes, forcément. Elle devait les cacher derrière un masque glacial pour il ne savait quelle raison saugrenue. Peut-être qu’elle était plus fragile qu’il n’y semblait, et qu’elle ne voulait pas que cela se voit ? Il ne lui connaissait pas d’époux, et, malheureusement, une femme solitaire court bien des dangers. Surtout lorsqu’elle est d’une beauté captivante comme celle d’Erika de Malmö. En effet, Andrew lui trouvait au premier abord des manières très désagréables, mais, après lui avoir parlé quelques minutes, il était un peu revenu sur son jugement hâtif. Ses yeux brillaient avec beaucoup d’éclat, et ce sourire qu’elle avait esquissé tout à l’heure était une plus belle parure que ne l’aurait été une rivière de diamants. A bien y réfléchir, elle n’était pas à son goût, mais elle était incroyablement piquante, et son goût commençait à se faire à elle.
« Puis-je vous demander la raison pour laquelle vous vous trouviez sur le terrain de tir à l’arc, à propos ? demanda-t-il en souriant après avoir observé le silence quelques minutes. Seriez-vous une tireuse émérite ? Mais si tel est le cas (ce dont je n’ose pas vraiment douter tant vous êtes femme surprenante), où avez-vous abandonné votre arc ? »
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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyMer 13 Juin - 17:00

La situation, si elle n'était pas amusante, était pour le moins inhabituelle. Un des hommes les plus joyeux et souriant de la cour faisant quelques pas aux côtés d'une des femmes les moins amusantes et bavarde de Londres. Erika se demandait ce qui pouvait bien lui faire arborer ce triomphant rictus et lui donner tant d'entrain. Mais la raison lui échappait totalement. Bien que le plus étonnant ne soit pas cette attitude pleine de vie qui le caractérisait au premier abord mais plutôt sa capacité étrange et si singulière de la faire partager. Si elle ne le montrait que peu, la présence d'Andrew à ses côtés lui donnait la sensation que tout autour d'elle était un peu plus léger et respirable. Comme si le poids qu'elle portait en elle devenait un peu moins lourd au profit de sentiments simples et pourtant qui lui paraissaient si lointains. Une pointe de bonne humeur, l'envie de rire en entendant ses mots qui lui caressaient l'oreille... Tant de choses supposées quotidiennes mais pour elle inhabituelles de sorte à ce qu'elle ne puisse réellement les interpréter, expliquer l'étrange alchimie qui s'effectuait en elle et qui produisait ces émotions. Compliquée se trouva-t-elle alors... Mais peut-être était-ce le propre de l'être humain que d'être incapable de comprendre les autres aussi bien qu'il ne se comprenait pas. Certains prétendaient connaître l'homme, le pourquoi du comment qui guidait ses pensées et actions ; alors qu'ils étaient au fond de grands ignorants puisqu'incapables de faire face au fait que tout ce qu'on pensait être une vérité n'est que partiel quand ce n'était pas erroné.
Le comte lui demanda alors ce auparavant avait pu la rendre heureuse. Aujourd'hui elle ne savait plus exactement... Y avait-il une raison particulière ? Sans doute pas. Seulement une vie qui coulait doucement au milieu de personnes qu'elle aimait. Mais au final, tout n'est qu'éphémère et cet état de contentement qu'elle croyait à l'époque éternel n'avait pas duré bien longtemps et lui avait un jour filé entre les doigts.

- Eh bien, commença-t-elle, j'avais... Mais coupée dans son élan par Andrew qui tira soudainement une flèche de son carquois, elle fut un pas en arrière en le regardant avec de grands yeux. Hé, lui lança-t-elle, faites donc attention, nous ne sommes plus sur le terrain de tir ! Elle marqua une pause en remarquant qu'il avait failli envoyer se perdre dans les yeux sa flèche dorée. En plus il aurait été dommage de perdre un si bel objet, Cupidon vous en aurait voulu... ajouta-t-elle en se remettant à marcher toujours sans savoir où aller.

Quel drôle de mythe était celui de Cupidon. Il était peut-être infantile et ne correspondait que très peu à l'esprit beaucoup trop cartésien de la dame, mais il fallait reconnaître que l'image était belle. Une flèche, inattendue, parfois inespérée, qui semblait arriver de nulle part et qui pourtant avait quelque chose de divin. Elle se demanda alors si Andrew avait déjà expérimenté ce qu'était l'amour et faillit le lui demander, mais elle se ravisa. S'il était marié et que pourtant il ne se cachait pas vraiment pour aller papillonner avec quelques jeunes et belles femmes, cela voulait sans doute dire que ce sentiment l'avait quitté ou ne l'avait jamais touché. Du moins c'est ce qu'Erika supposa mais le sujet ne lui était que trop peu familier pour qu'elle ne puisse émettre une opinion avisée. Une nouvelle question du comte la tira encore une fois de ses pensées. En entendant l'intitulé de celle-ci, elle émit un petit rire et immédiatement vint placer sa main devant sa bouche pour cacher un rictus naissant sur ses lèvres. Après avoir fixé le sol pendant quelques instants, elle releva les yeux pour regarder son interlocuteur.

- J'ai prêté mon arc au dieu de l'amour, il avait égaré le sien... Enfin, plus sérieusement je vais vous décevoir mais je n'ai jamais touché une flèche de ma vie. D'ailleurs je préférerait m'abstenir car à coup sûr je serai capable de tuer quelqu'un sans le vouloir ! Le terrain était simplement le chemin le plus court pour rentrer au château. Voyez à quel point je manque d'originalité, ajouta-t-elle en haussant les épaules tout en faisant une légère grimace.

Fatiguée d'avancer sans raison, elle vint s’asseoir sur un banc en pierre qui se trouvait en face d'un large bosquet de fleurs duquel émanait la douce odeur des végétaux printaniers. Son regard se mit alors à suivre un papillon bariolé qui virevolta autour d'elle avant d'aller se poser délicatement au cœur d'une pensée d'un beau bleuté. Il devait être agréable de vivre comme lui. Une existence trop éphémère pour qu'il n'ait le temps de souffrir. Juste une journée nécessaire à découvrir ce qu'était la vie. Une fois que ces ailes colorées furent sortie de son champ de vision, elle se tourna vers le comte et pencha la tête sur le côté en fronçant légèrement les sourcils. Depuis qu'elle l'avait inopinément croisé tout à l'heure, la jeune femme ne l'avait pas encore regardé avec une réelle attention et aurait plus aisément pu vous décrire le chemin de terre qui l'avait mené jusqu'ici que les traits de celui qui lui tenait compagnie. Erika avait cette étrange capacité à regarder à travers ceux qu'elle croisait comme on regarderait un fantôme, sans le voir. Elle les écoutait, tournait les yeux vers eux, mais à moins d'en faire l'effort, elle ne les voyait pas. Et si elle aurait pu les reconnaître dès qu'elle les voyait de nouveau, demandez-lui la couleur de cheveux de la dernière personne à qui elle avait adressé la parole et elle aurait été incapable de vous répondre.
Comme une enfant hypnotisée par une petite coccinelle qui venait se poser sur son doigt, elle fixa Andrew pendant de longues secondes, sans bouger d'un pouce. Ses yeux clairs étaient incroyablement pénétrants et elle eut l'impression qu'on aurait pu aisément tomber dedans comme on chuterait dans un océan de nuages. Elle s'attarda sur chaque détail de son visage avant d'en conclure en une vue d'ensemble qu'il était plutôt séduisant. Du moins il avait beaucoup de charme. Après avoir légèrement redressé la tête, elle reprit la parole d'un air neutre.

- Vous me demandiez tout à l'heure ce que je croyais voir... Étonnamment, en vous regardant je n'affirmerai rien mais me contenterai de me questionner. Par exemple, vous arrive-t-il d'effacer de vos lèvres ce sourire dont je me demande d'où il peut bien venir ? Pourquoi ai-je l'impression que vous avez constamment besoin d'être entouré de femmes alors que vous êtes marié je crois savoir ? Mais n'est-ce pas lassant pour vous de les attirer comme le miel attire les abeilles ? …Vous êtes un grand mystère monsieur le comte...
Dieu qu'elle était bavarde en cette après midi. Et curieuse qui plus est. Enfin, il fallait dire que monsieur de Sackville était un personnage très charismatique mais terriblement intriguant pour Erika. Alors étant donné que l'obstination du jeune homme avait fait se délier un peu la langue de la suédoise, de son côté il pouvait bien aussi répondre à ses interrogations. Soit, peut-être étaient-elles formulées d'une façon assez directe qui pourrait passer pour de l'impolitesse, mais venant d'Erika elles traduisaient simplement l'envie d'en savoir un peu plus à propos de ce conteur de mythes et légendes. Avec son index elle tapota ses lèvres d'un air penseur. Au fond, qu'est-ce-que ces marquises et autres duchesses pouvaient bien lui trouver ? Soit, si à un bal masqué il avait été déguisé en Apollon, cela n'aurait choqué personne et il avait l'amusante capacité de rendre sa bonne humeur contagieuse. Mais cela était-il suffisant pour que la séduction opère ? Sans doute pas vous répondrait-elle. Mais son esprit bizarrement tourné couplé à son expérience personnelle avaient agit de sorte à la rendre étrangère à ce qui touchait aux passions humaines. Elle se sentait constamment comme spectatrice d'une représentation de petites marionnettes dont elle ne savait pas si les fils qu'elle distinguait à peine n'étaient que chimère ou bien la continuation d'une main invisible qui les agitaient. Une question lui vint alors à l'esprit et elle ne tarda pas à la poser au comte. Une question simple en apparence, stupide peut-être mais qui dans ce cas-là ne devrait pas créer au genre humain autant de soucis.
- Êtes-vous heureux ? Ou du moins croyez-vous au bonheur ?
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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptyJeu 21 Juin - 14:00

Elle venait de se mettre à rire, et, comme si c’était là une chose insensée, elle leva une main devant ses lèvres. En réalité elle avait un joli rire. Pas tout à fait cristallin comme celui des jeunes filles que le Comte venait de quitter. Mais un rire charmant tout de même. Andrew ne savait pas s’il était drôle, mais, ce qu’il n’ignorait pas, c’est qu’il aimait que les dames rient en sa compagnie. Le rire les rendait vives et colorait légèrement leurs pommettes, faisait briller leurs yeux. Elles n’en étaient que plus belles, parées de cette spontanéité roucoulante comme une Princesse s’orne d’un diadème. Erika sembla fatiguée de se promener sans autre but que la marche, et se dirigea vers un banc de pierre. Comme elle avançait devant lui, Andrew en profita pour admirer silencieusement l’élégance de sa silhouette et la souplesse de sa démarche. Il la laissa s’asseoir sur le banc, et resta debout non loin d’elle. Il fit lentement les cent pas devant le banc, comme s’il réfléchissait, tout en jouant avec a flèche à pointe dorée. Erika se mit subitement à le regarder avec beaucoup d’attention. Lorsqu’il s’en aperçut, il s’arrêta de marcher et lui rendit son regard inquisiteur, sans pour autant se départir de son sourire amusé. La Comtesse sortit de son observation en déclarant qu’il était un mystère et qu’elle ne pouvait rien affirmer à son sujet. Simplement, elle avait des questions à lui poser. Il ne savait pas s’il avait envie d’y répondre. La dame évoqua Alice. Parfois, le Comte oubliait jusqu’à son existence. Et lorsqu’il se souvenait d’elle, il sentait son ventre se nouer. Il se crispait et voulait effacer de sa mémoire le visage angélique de son épouse.
« Je ne comprends pas ce concept moderne de fidélité, avoua-t-il d’un air paisible. C’est comme un poids que l’on s’attache autour du cou. Et pourquoi ? Je crois qu’un homme peut aimer profondément son épouse. Mais il ne l’en aimerait que mieux si, de temps en temps, il voyait d’autres dames, et ce, sans devoir se sentir coupable d’une quelconque trahison. Il n’y a pas de mal à vouloir être heureux. Et si je vous dis que la monotonie quotidienne me rend malheureux, qu’en dites-vous ? Je ne me sentirais pas si traitre si ma femme n’était pas si parfaite. J’ai l’air d’un criminel à côté d’elle ! C’est pesant. Si hommes et femmes savaient se faire plaisir, les choses ne seraient pas si complexes, et je n’aurais pas l’air d’un goujat. Pourquoi se forcer à faire semblant de ne désirer à jamais qu’une seule personne ? Ils sont peut-être honorables, mais ils sont tout autant hypocrites. Je préfère ne pas me mentir. Mieux vaut être déshonoré aux yeux des autres plutôt que de chercher à se tromper soi-même, non ? Je n’ai rien à me reprocher car je ne trahis jamais mes propres principes. Ce sont les autres qui me reprochent des choses qui me semblent, à moi, purement humaines… »

Peut-être aurait-il fallu qu’on lui explique ce qu’il y avait de mal dans le fait d’aimer les femmes. Il les aimait avec plus de sincérité que quiconque, voilà un fait certain. Et lorsque l’on est sincère dans ses émotions, n’est-ce pas que l’on est sur le droit chemin ? Les hommes qui ne trompent pas leurs femmes alors qu’ils le voudraient sont de grands benêts et les pires menteurs. Ils paraissent irréprochables, certes, mais il n’y a pas de pire souillure que celle qui est intérieure. A quoi leur sert de sauvegarder les apparences, au juste ? Ne sont-ils pas plus coupables et plus lâches que l’homme qui, le plus naturellement du monde, comble ses désirs lorsqu’il en a l’occasion, sans jamais chercher à démentir lorsqu’on l’en accuse. Andrew vivait d’honnêteté. Il ne niait jamais un fait avéré, ne se défendait pas d’avoir agi de telle ou telle manière. Et il pensait que c’était une forme du pureté humaine que de vivre sans se mentir, sans s’empoisonner l’existence avec des faux-semblants. Pourquoi était-il tellement gai et enthousiaste ? Mais parce qu’il ne se refusait jamais rien.
« Pour quelle raison serais-je fatigué, continua-t-il, que les femmes m’apprécient ? Etes-vous fatiguée que le soleil se lève chaque jour ? J’en doute fort. Parce qu’il y a des choses naturellement plaisantes qui illuminent vos journées en toute simplicité. Si demain un vieux rabat-joie venait vous voir en vous disant (il prit une grosse voix sévère pour prononcer les paroles suivantes) : « Madame, vous et toutes les personnes de votre sexe devez faire votre possible pour empêcher le soleil de se lever chaque matin ? »… le feriez vous ? Le pourriez-vous ? Pour ma part, je refuse de faire une telle chose, je me défends même d’essayer, car ce serait vain et contre-nature. Je ne veux pas être un monstre contre-nature comme tous ces gentils pantins qui prennent soin de cacher leurs véritables aspirations derrière des sourires niais. »

Et le beau sourire d’Andrew revint à la charge, comme s’il s’amusait beaucoup d’avoir traité les Doctes de pantins aux airs niais. Il regarda la jeune dame qui semblait partie dans ses songes. Elle avait posé l’un de ses doigts effilés sur ses lèvres, et il ne savait pas bien si, par ce geste, elle lui signifiait de se taire, ou s’il s’agissait là d’une posture inconsciente due à ses réflexions intenses. Il la regarda sans mot dire un instant puis recommença à faire les cent pas devant le banc qu’elle occupait. Mais, bientôt, la jolie curieuse lui posa de nouveau une question. Cela avait quelque chose de philosophique mais Andrew n’avait pas l’intention d’y répondre par quelque chose de vaguement didactique. Non. Cette question, il se l’était posée souvent. Elle l’avait obsédé comme le ferait une femme aguicheuse et inaccessible. Un jour, épuisé et las de cette amante cruelle qui partageait sa couche sans daigner l’embrasser, il avait décidé de rompre tout contact avec elle. Et c’est alors qu’il avait compris. La réponse à cette question est tout simplement de ne pas se la poser. Le Comte s’approcha d’Erika, les sourcils légèrement froncés.
« Ecoutez bien ce que je vais vous dire, belle dame, et, si vous le pouvez, croyez-moi sur parole (car cela vous évitera bien des heures de torture intérieure). Il n’y a pas de bonheur absolu. C’est un mythe fort joli, tout à fait intriguant, mais il n’existe en aucun cas de bonheur complet et unique. Je vais vous dire ce qu’est le bonheur. C’est une suite d’instants heureux. Il nécessite de l’entraînement. Lisez-vous un poète dont les vers sont particulièrement savoureux ? Arrêtez-vous un instant et dites à haute voix : « Comme il est plaisant de lire un si joli poème ! Cela me rend heureuse. » Etes-vous entrain de manger un succulent gâteau parfumé à la rose ? Avant que vous n’ayez consommé la dernière bouchée, faites une pause et exclamez-vous : « En voilà un gâteau délicieux ! Le déguster m’apporte beaucoup de joie ! ». Et constatez ainsi à quel point votre vie est remplie de petits instants précieux de plaisirs délicats. Cela vous rendra heureuse. »

Andrew était heureux, depuis qu’il appliquait cette méthode à la lettre. Ce n’est pas en cherchant au fond de soi que l’on trouve le bonheur. Ce n’est pas à force de se questionner qu’on le rencontre comme par miracle. C’est en allant au devant de lui, en étant persuadé qu’on peut le trouver à chaque coin de rue. C’est lui serrer la main et le remercier de sa présence à chaque fois qu’on l’aperçoit devant soi. Le jeune homme prit un air malicieux.
« Vous pouvez d’ailleurs commencer tout de suite ! Ce matin, vous vous promeniez sans but près du terrain de tir à l’arc lorsque vous fîtes une rencontre impromptue. Le Comte de Sackville est un homme fort bizarre mais il vous veut du bien. Alors, dites-vous : « Comme il est plaisant de faire une aussi merveilleuse rencontre si tôt dans la journée ! Cela me rend heureuse ». Et cela me rendra heureux également car j’aime passer pour un homme fort galant qui sauve les jeunes dames en détresse… »
Il se mit à rire doucement et exécuta une révérence devant Erika. Oui, décidément, le Comte de Sackville préférait voir les femmes rire et s’amuser, plutôt que de se torturer inutilement en se posant des questions existentielles sans queue ni tête.
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MessageSujet: Re: Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika   Les tribulations de Cupidon ♔ PV Erika EmptySam 7 Juil - 13:36

Ce concept de l'amour était assez particulier... Erika, de son côté, était partagée entre désir de croire au prince charmant et fatalisme quand la dimension tragique de l'amour. Au fond, elle voulait pourtant oser croire que l'amour d'une personne puisse être unique et suffisant à nous satisfaire. Naïve pensée qu'était celle-là... Elle avait cependant du mal à croire qu'il soit possible,comme Andrew le prétendait, d'aimer quelqu'un et d'avoir tout de même à cœur d'aller voir ailleurs, sachant pourtant pertinemment que cela ne pourrait que lui faire du mal. Car si parfaite qu'était visiblement son épouse, elle ne devait être que plus sensible, encline à pardonner peut-être mais au fond meurtrie. Que pouvait bien se dire cette pauvre femme trahit par un mari qui lui disait qu'elle était la seule qui ait de l'importance à ses yeux, alors que tout dans son attitude laisser à penser le contraire. La question qui était posée était en fait assez complexe. Si l'on se plaçait du côté féminin, cet homme était un monstre qui jouait les bourreaux des cœurs, brisant tant celui de sa douce que ceux de ces maîtresses qu'il comblait d'illusions ; et si l'on se tournait du côté du comte, ces infidélités n'étaient qu'une manière de se rendre heureux et par la même occasion, de rendre heureux son épouse... Quelle complexité... Cela dépassait complètement la suédoise, qui pour n'avoir été mariée que peu de temps n'avait pas eu le malheur, ou la joie, d'être confrontée à cette situation épineuse. Passons, car elle aurait beau retourner le problème et l'envisager sous toutes ses coutures, finalement elle ne le comprendrait pas et s'en moquait à vrai dire assez. De toute façon, qu'elle soit d'accord ou non, Andrew était libre de ses actes, ce qu'elle respectait.
Concernant le soleil... Il était à vrai dire amusant, quoiqu'un peu déprimant de vivre dans le noir. Soit au fil des mois et des années, cela devait être à mourir. Mais Erika ne dirait pas non à l'expérience d'une hibernation, enveloppée confortablement dans une lourde couverture pour ne se réveiller que longtemps, très longtemps après... Dans un autre siècle peut-être. Lorsque les hommes et les chevaux pourraient voler !
Lorsqu'Andrew lui exposa alors sa vision du bonheur, Erika ne put s'empêcher d'ajouter son grain de sel.

- Je peux croire aisément que le bonheur absolu n'existe pas, cependant, je trouve votre vision un peu simple. Si je mange un merveilleux gâteau, je l'apprécierai sur le moment, mais il n'est pas dit que je ne fonde pas en larmes en me rendant compte par la suite qu'il faille que je fasse réajuster toutes mes robes....

Il devait être tout autant terrible qu'agréable d'adopter cette vision. L'appliquer pendant une journée devait être un délice. Pendant toute une vie : un calvaire déguisé. Ne pas avoir d'attache, de sentiment de responsabilité et finalement ne jamais vraiment grandir.

n]- Mais supposons que je vous crois, [/b]répondit-elle en se levant doucement. Oh, soupira-t-elle alors en levant la main à son front d'un geste très théâtral. Si vous saviez comme il me tardait qu'un homme de votre trempe vienne me sauver de ma morne promenade. Je ne saurai vous remercier convenablement ô grand héros ! Reprenant une attitude un tant soit plus normal, elle regarda avec un léger sourire son interlocuteur. Peut-être était-ce un tant soit peu exagéré pour paraître réel... Mais c'est que je pourrais presque finir par me laisser convaincre. Du moins je doute fortement de ma capacité à appliquer votre méthode durant plus d'une heure. Et ne tentez pas de vous assurer du contraire car vous seriez fort déçu. Une fois qu'elle eut dit ces mots, elle marqua une pause avant de pointer alors du doigt l'arc qu'il tenait toujours. Le tir à l'arc est-il une activité difficile ? On m'a toujours dit, cependant à tort j'en suis persuadée, que part manque de concentration, les femmes seraient incapables de toucher leur cible. Je dirais qu'il s'agit plutôt d'une parfaite idiotie inventée par des hommes soucieux de ne pas partager ce passe temps avec la gente féminine.
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